Le Grenelle de l'environnement : compétitivité et emploi
Le Grenelle de l'environnement fait grand bruit depuis le début de mandat de Nicolas Sarkozy. Aujourd'hui, les premières lois destinées à mettre en place le Grenelle commencent à être votées au Parlement. Un bilan sur ce grand projet présidentiel s'impose donc.
Le Grenelle de l'environnement est constitué de huit thèmes, chacun devant répondre à des problèmes écologiques spécifiques. Attachons-nous ici au thème n°6, concernant la compétitivité et l'emploi.
Contrairement à ce qu'indique son nom (“compétitivité et emploi”), ce thème est surtout centré sur la volonté de contrôler la consommation d'énergie et les produits des entreprises. En effet, les membres de ce groupe exhortent les entreprises à élaborer des produits plus écolos, et à instaurer une production “verte”. Et tout cela, à coups de taxes et de multiplication des écolabels.
Mais le groupe de travail, dans tout cela, a omis une question majeure : comment instaurer de tels taxes et labels aussi bien pour les grands groupes que pour les PME ? En effet, il semble que les experts de ce groupe n'aient pas pris en compte la diversité des tailles d'entreprises sur notre territoire, et se sont contenter de généraliser de façon absurde.
Prennons un exemple simple. Le groupe de travail souhaite le développement de l'étiquette énergie à l'ensemble des produits gros consommateurs d'énergie, et la création de nouveaux écolabels. S'il est aisé pour les grands groupes industriels d'injecter des financements massifs dans la recherche et le développement afin de répondre aux éxigences de ces labels, comment les PME vont-elles pouvoir financer de tels changements dans leurs modes de production ?
Et le problème est d'une importance fondamentale, lorsqu'on sait que le tissu entrepreneurial français est constitué en majorité de PME.
Ces PME, qui n'auront pas les moyens financiers et techniques de décrocher de tels labels, verront alors leurs produits durement discriminés, au profit des produits labélisés des grands groupes. Et, comme il n'est nullement fait mention d'aides étatiques pour accompagner les PME, l'Etat laissera mourir une partie d'entre elles, qui n'auront pas pu s'adapter, et qui n'auront evidemment pas su faire le poids face aux produits labélisés des grands groupes.
C'est d'ailleurs exactement le même problème avec la fameuse taxe carbone : rien n'est prévu pour accompagner les PME, et aucun nivellement de cette taxe n'est prévu en fonction de la taille de l'entreprise.
Voilà comment une belle idée vient se transformer en puits d'injustices !
A vouloir à tout prix protéger la planète, on en oublie les inégalités qui peuvent naître des mesures environnementales.
Ainsi, avec la multiplication de ces taxes et labels, nous auront effectivement des entreprises respectueuses de la nature... mais à quel prix ? Comme le veut le Grenelle, il y aura donc bien de plus en plus de produits labélisés respectant l'environnement, mais nombre de PME en pâtiront, disparaîtront ou licencieront.
Il existe pourtant des solutions simples.
Si l'instauration et le développement d'écolabels sont essentiels, l'Etat doit aider et accompagner les PME afin de permettre une modification progressive de leurs modes de production en toute sécurité.
De plus, prendre en compte la diversité des entreprises, c'est instaurer une taxe carbone progressive, selon la consommation d'énergie, mais aussi selon la taille de l'entreprise. Il est inacceptable qu'un grand groupe paie la taxe à un même taux qu'une PME !
Le développement durable, ce n'est pas qu'une question d'environnement. C'est également une question d'équité et de justice sociale !