Croissance économique et pression écologique des pays émergents

Publié le par Alexandre Richard

 

          Il est interessant de constater que depuis les années 1990 la croissance fulgurante des pays émergents et leur pression grandissante sur l'écologie a fait naître une nouvelle conception des rapports Nord/sud.

Oubliée l'époque où le Nord industrialisé s'imposait un devoir d'accompagner le développement du Sud.

Révolu le temps où les anciennes puissances occidentales courraient au secours des Etats les plus démunis.

Achevés les jours où l'Europe et les Etats-Unis distribuaient avec fierté des aides financières aux pays les moins avancés.

          Après des rapports de solidarité, voici donc venu le temps des rapports de méfiance et de culpabilisation.

Prenons l'exemple de la Chine. S'est développée à son égard une vision occidentale unanime : “Vous vous développez trop vite ! Ralentissez ! Vous faites subir à la planète une pression insuportable !”

Et la majorité des médias de renchérir, et de nous expliquer le problème ainsi : même si nous, occidentaux, avons eu le même mode de développement ultra intensif et ultra polluant, aujourd'hui la planète est en danger, la Chine doit ralentir.

         Economistes, écologistes, sociologues, politiques, médias, et j'en passe... tous sont unanimes, nous sommes face à un sérieux dilemme. En effet, soit l'on considère qu'on ne peut rien dire à la Chine, puisque nous avons connu le même mode de développement; soit l'on considère que notre planète est en danger, et qu'il ne faut donc pas hésiter à condamner fermement la Chine et ses émissions de CO2 insupportables.

Mais c'est ici un faux problème. Faux problème martelé par les politiques, confirmé par les scientifiques, et relayé par les journalistes.

          Des solutions existent et émergent, pour peu qu'on veuille se donner la peine de s'écarter des antiennes médiatiques. En effet, arrêtons de penser qu'il faut choisir : laisser faire la Chine parce qu'on a été pareils, ou la condamner parce que la pression sur l'environnement n'est plus supportable.

Des solutions existent, donc, et j'en veux pour preuve deux exemples.

  • - Premièrement, comme certains le pensent, abandonner le principe de solidarité n'est pas une solution. Nous devons seulement réinventer un nouveau type de solidarité. En effet, nous ne sommes plus au temps de la solidarité financière envers des pays qui créent déjà des richesses (laissons l'Aide publique au développement aux Etats qui en ont vraiment besoin). Mais nous pouvons développer une solidarité écologique, consistant principalement en des transferts de technologies vertes vers les pays en développement.

    Ainsi, la Chine pourrait conserver son rythme de croissance, tout en adoptant des modes de production plus verts.

  • - Deuxièmement, il faut cesser de croire que la croissance est obligatoirement incompatible avec la protection de la planète. Bien au contraire, la protection de la planète est une source inconsidérable de richesses, d'emplois, et donc de croissance. Il appartient donc également aux gouvernements des pays émergents de prendre conscience de cette richesse, et d'investir massivement dans les technologies vertes, créatrices de nouveaux secteurs de production, de nouveaux emplois et de nouveaux revenus. Là encore, une croissance rapide ne sera pas incompatible avec la protection de l'environnement.

 

          Il nous faut donc ici faire tomber deux préjugés. Non, les Etats occidentaux n'ont pas à faire un choix entre laisser faire ou sanctionner la Chine, car des alternatives existent. Et non, la question n'est pas de savoir si l'on doit ou non abandonner le principe de solidarité. La question est de savoir comment redéfinir cette solidarité.

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